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PROLOGUE 19 page





Mais l'autre perçoit‑il ces paroles de sagesse? Il est sur la planète «Haine», la pire de notre galaxie. A bien considérer, on réalise que, depuis ces meurtres, sa jalousie croît, éclate, devient de plus en plus cramoisie.

– Donc, tu es arrivé pendant qu'elle partouzait avec l'académicien et son minet, engrené‑je. Tu as vu rouge et les a étripés?

Acquiescement muet mais véhément.

– Elle t'a avoué que les participants habituels allaient venir pour fêter l'anniversaire de Titan et vous vous êtes planqués dans le grenier, pour les guetter en vue de les massacrer. Dans ta fureur, tu as exigé qu'elle prenne part au carnage?

Tak.

– Elle a accepté?

– Elle plus enragée que moi! Schéhérazade vouloir même tuer un type avec grosse queue dans cave, moi dire non, parce que lui pas cochon de la bande.

– Vous vous êtes goinfrés de tuerie?

Tak.

– Pourquoi étais‑tu venu ici, toi qui n'y mettais jamais les pieds?

– Le matin, elle téléphoner château et croire moi parti!

– Si bien que tu t'es pointé en pleine fiesta?

– Ça.

La vie est conne, dirait Bendit (qui fut enfant de chœur à la synagogue de La Salette).

– Au lieu de carboniser ta polka, tu as préférer bigorner tous ses partenaires?

– Fumiers pédés amuser avec elle!

– Elle ne serait pas un peu nympho, ta souris?

Il ne répond pas; tremble d'excitation.

– Elle aider moi à bousiller racaille.

– Pourquoi n'avez‑vous pas trucidé Ma Gloire, l'organisateur des partouzes?

– Nous croire lui mort.

– C'est toi qui lui as fourré le sexe du minet dans la gueule?

– Non, elle.

Je ne le questionne pas plus avant pour le moment. Ma sidération est totale lorsque je vois compère Salami pénétrer dans le hall.

 

 

Le valeureux hound se précipite contre moi, la langue dégoulinante d'allégresse. Son fouet ressemble à la baguette d'un chef dirigeant une csardas échevelée.

– Comment as‑tu su que je me trouvais ici? lui demandé‑je avec ébaubure.

Il n'a pas à me fournir la réponse car deux personnes surgissent à leur tour: Marie‑Marie et Antoinette. Souriantes!

Ma fillette court à moi et se jette dans mes bras. Tu connais l'expression: «serrer à l'étouffer»? Eh bien, elle correspond à l'instant. Me bisouille le cou, les joues, les oreilles en clamant:

– Papa! Papa! Papa!

Heureux mais stupéfait, je la laisse me torticoler avec ravissement. Pendant ces transports, ma Musaraigne d'autrefois embrasse son oncle. Qui, ému également, psalmodie: «Comment se puisse t'est‑ce? Comment se puisse‑t‑il?»

Marie‑Marie explique:

– Depuis notre retour d'Arabie, la petite ne veut plus vivre sans toi.

O douces paroles à mon âme offertes! Chant divin dans lequel passent les émotions les plus suaves.

Je la presse plus fortement sur mon être géniteur. Tout à coup, aimé‑je à dire, Antoinette avise Kozeck et pousse un cri:

– Oh! bobo le monsieur!

– Il a eu un accident, expliqué‑je, on va le conduire à l'hôpital! Auparavant, soliloqué‑je, nous allons faire un crochet chez sa femme.

Je pose enfin à Marie‑Marie la question qui me brûle les lèvres tel un cigare fumé à l'envers:

– Qui t'a dit que j'étais dans ce château?

– Ta mère l'ignorait; à ton bureau l'on m'a répondu: «Monsieur le directeur est en mission». Je me suis rabattue sur Jérémie. L'un de ses gosses m'a appris qu'il était à l'hôpital. J'ai pu l'y joindre et, grâce à lui, obtenir le renseignement.

– On voit que tu as travaillé pour la Rousse. Cela dit, j'ai école: le dernier étage de notre enquête à mettre sur orbite. Allez m'attendre chez Félicie, je ferai le plus vite possible.

En entendant ces mots, ma gosse se met à trépigner:

– Je ne veux pas te quitter! JE RESTE AVEC TOI!

Si t'as jamais vu un papa aux anges, radine fissa avec ton Kodak, ton Nikon ou ton Rolleypimprenelle, mec! Et flashe! Ça vaut les trente‑six poses. Mille fois plus alléchantes que celles du Kãma‑sutra (d'ailleurs, tu voudrais faire goder des Français avec des enculades d'hindous, toi?).

– Bon! Bon! calmé‑je, c'est entendu, ma puce: on ne se sépare pas. Vous allez m'accompagner, c'est à deux pas d'ici, mais vous devrez m'attendre un petit moment.

– Oui! Oui! Oui!

Battements de mains!

– Je sens que vais vivre des jours difficiles, fait Marie‑Marie. Dans la vie, c'est toujours ainsi: le bonheur des uns ne fait pas fatalement celui des autres!

Nous nous entassons dans ma nouvelle tire: les «femmes» devant, Béru et sa victime derrière.

 

* * *

 

En peu de temps, je stoppe devant le modeste logis du père Moktar. La famille est une fois de plus à table (à croire qu'ils ne font que claper). Grand‑père, mémé, ma merveilleuse Schéhérazade et son rejeton hypodermique[60].

L'arrivée de notre trio d'hommes dans ce lieu modeste apporte panique et stupeur. La vieille Antinéa se met à implorer Allãh, son petit‑fils à claquer des chailles; le grand‑dabe saisit son couteau de table et le tient serré jusqu'à la violissure des doigts; quant à l'exquise baiseuse, son visage me rappelle un plat d'épinards que j'ai beaucoup aimé.

– Bon appétit à tous! lancé‑je, encore plein d'euphorie.

Ils bouffent des steaks‑frites, pour fêter la fin du Ramadan, ce qui indique que la mistoune s'est francisée malgré son mariage avec le Polack.

– Qu'est‑ce qui est arrivé à çui‑là? demande l'Arbi en désignant son gendre d'un air profondément dégoûté.

– Les aléas d'la vie! ricane le Porcin.

Mais ma Pomme conserve son sérieux:

– Je suis navré d'interrompre votre repas familial, cependant je dois vous demander de sortir, monsieur et madame El Djam, ainsi que le gamin, car j'ai besoin d'avoir une conversation sérieuse avec ces époux.

Les vieux sont quelque peu interloqués, se regardent, nous regardent, puis finissent par répondre à mon «injection», dirait l'Empereur.

Ils quittent la maisonnette, accablés. J'ai gros cœur, riche de tant de joie, d'apporter le malheur à ces braves gens. Toujours la vie salope qui mélange les pics et les cœurs!

Le Mastard surveille l'évacuation.

– Plus loin! leur crie‑t‑il. Allez jusqu'z'au fond du parc et qu' j'vous revoye pas avant qu' j'vous eusse appelés!

Pendant leur décarrade, je tube pour qu'on m'adresse un fourgon cellulaire. Il va bien falloir que nous nous quittions, le couple maudit et moi! C'est comme ça avec les gens: on a à peine le temps de s'aimer que la séparation s'impose.

La vieille téloche qui ronchonnait à sa guise, est en train de psalmodier les «niouves». C'est récurrent. Un vieux pétrolier s'est craqué en deux et sa cargaison va pourrir les côtes grecques. Pour une fois c'est pas la France qui devra écoper! Une jeune Anglaise, moche comme un cul de guenon, a été surinée dans le R.E.R. Le Premier ministre mouille parce que les impôts viennent de baisser d'un liard. Mais, mais, qu'ouï‑je? Dernières infos du golfe Persique, le prince Samou Sarazé, cousin du roi d'Arabie Orthodontique, vient d'être arrêté au retour d'un voyage en France. Il s'apprêtait à provoquer un cataclysme par la destruction du barrage d'Escouffian, ce qui lui aurait donné l'opportunité de déposer son souverain. Heureusement, des agents occidentaux avaient découvert le complot et alerté les autorité arabes.

La nouvelle me baume le guignol: nos Services secrets n'ont pas perdu de temps. Bravo!

Je vais éteindre le poste et reviens au tandem trucideur. Les Epoux du diable, voilà ce qu'on leur donnera comme surnom dans la presse à sensation.

Le Gros chuchote:

– Tueuse ou pas, je lui f'rais bien un branch'ment d'urgence, c't' greluse. T'as vu son cul?

– Comme je te vois, réponds‑je.

– J'y escalad'rais l'mont d'Vénus av'c la langue, pour commencer.

– Laisse, je connais le programme; mais le temps des frivolités est passé pour elle.

Salami, plus homme que chien dans ses convoitises charnelles, renifle voluptueusement entre les gambettes de Schéhérazade. Il en bave de concupiscence, mon hound lubrique.

– Vous voici donc à nouveau réunis, dis‑je aux Kozeck; seulement, cette fois, ce n'est pas pour le meilleur mais pour le pire! Je ne vais pas vous pomper l'air avec vos parts respectives de responsabilités, cela sera traité par la suite, en présence de vos avocats. Ce que je tiens à éclaircir, avant que la machinerie judiciaire se mette en action, c'est l'étrangeté de votre conduite.

J'avale suffisamment de salive pour pouvoir bouffer trois chattes à la file, sans escale.

Eux ne bronchent pas. La chérie finit par dire, en me cloaquant du regard:

– J'ignore ce que mon mari a pu vous raconter; moi, je suis innocente!

– Puta! glapit le vilain.

Manière de l'endiguer, Alexandre‑Benoît lui place un bourre‑tarbouif qui l'hémorrage séance tenante, puis lui lance une pattemouille exposée sur la paillasse de l'évier afin d'étancher le raisiné en dégoulinance.

– D'accord, ma très belle: tu es blanche comme la robe de mariée de ma grand‑mère. Il n'empêche que tu as séjourné des heures durant dans les combles du château après les premiers meurtres, reprends‑je.

Elle négate déjà, va s'inscrire en faux, tout bien, mais la venue inopinée de ma mignonne Antoinette bloque le compteur.

– Papa! Papa! Viens vite, j'ai trouvé un monsieur dans la terre!

Interdit, je me lève après avoir adressé un regard péremptoire à Béru pour qu'il assure la garde du couple.

Je t'ai dit antérieurement qu'il existe un hangar à proximité de la bicoque, c'est dans sa direction que m'entraîne la mouflette. Elle contourne la bâtisse pour s'approcher d'un roncier. En bordure dudit, j'avise une excavation bouchée par des pièces de bois vertes de mousse.

– Ecoute! me dit Toinon en s'immobilisant, index dressé.

Je prête l'oreille. Malgré le bruit des frondaisons turbulées par le vent d'ouest, je finis par percevoir des gémissements. De toute certitude, ils émanent du trou. Dard‑dard, dirait le gros con qui me rédige, je me mets à retirer quelques‑unes des traverses de voie ferrée l'obstruant. Une âcre odeur végétale de pourriture et de boue me daube les sinus.

Me penche.

Juronne.

Un homme gît dans l'ancienne fosse à lisier.

Pinaud!

 

 

Magnifique auxiliaire!

Je dis à «ma» fillette d'appeler sa jolie maman. Elle y trotte‑menu sans perdre son temps en questions superflues.

Marie‑Marie se pointe.

Elle mate, reconnaît la Pine, blêmit car elle adore la Vieillasse.

Je lui tends mon pote Tu‑tues.

– File à la maison, dis à ton oncle de me rejoindre et surveille de près le couple qui s'y trouve. Au moindre geste déplaisant, tu sucres, car ces gens sont des fauves. Compris?

– Compris.

– La petiote va rester avec moi!

Elle s'éloigne et je saute auprès du merveilleux César. Il geint de manière continue; la base de son crâne, violacée, paraît mollassonne.

– Césario, mon chérubin, est‑ce que tu m'entends? lui demandé‑je.

Il émet un bruit pouvant passer pour une affirmance.

– Ton martyre va prendre fin: Bérurier accourt, on va te sortir de là. Ça fait longtemps que tu y es?

Je perçois une syllabe qui m'a l'air d'être un «oui».

– Depuis hier?

– Oui, derechefe‑t‑il.

– C'est la gonzesse qui t'a estourbi?

– Oui.

– La carne! Elle va le payer, je te promets!

D'en haut, l'angelote annonce:

– Voilà tonton Béru! Oh! Oh! lance‑t‑elle à son grand (et gros) oncle.

Nous extrayons notre cher copain de son sépulcre inconfortable. Pas brillant, le Fossile, mais lui avons‑nous jamais trouvé bonne mine? Il a toujours eu une pauvre gueule de déterré; ben, maintenant c'en est un!

On le porte avec précaution chez Moktar. Je vais quérir le matelas de Schéhérazade pendant que Napoléon le tient dans ses bras musculeux. Nous l'allongeons, lui bassinons la tronche et lui faisons écluser un verre d'arak.

Ces premières dispositions prises, je conseille à «ma» femme de retourner à la bagnole avec notre héritière, une enfant de quatre ans ne pouvant assister au rodéo qui va suivre. Marie‑Marie regrette mais obtempère. J'ai idée qu'elle moulera bientôt son école de langues à la flan pour replonger dans la vie aventureuse de ses débuts!

La lampée d'alcool a requinqué la Pine dans des proportions inimaginables. Tout juste s'il ne réclame pas la verticale, ce sacré bougre défraîchi.

– Ainsi, raccroché‑je, madame, ici présente, t'a assommé d'un coup de bouteille, puis t'a traîné jusqu'à la fosse d'où nous venons de te sortir?

– Exactement.

Je marche à la donzelle.

– Quelque chose à objecter, chérie?

Elle hausse les épaules. La baffe que je grave en intaille sur sa joue ne devrait pas s'effacer avant plusieurs années.

Pinoche narre, à voix fluette, comment il a découvert la mousmé au château, la première agression infligée par cette garce, la manière dont il a repéré sa trace pour venir se refaire estourbir chez Moktar.

Lorsqu'il a dévidé l'affaire, je m'OCCUPE de la belle Nordafe. La biche par une aile et l'entraîne dans la piaule de ses ancêtres.

Ça fouette le vieux couple qui ne baise plus, les urines conjuguées, le fond de calbute stratifié et les épices niqueuses d'estomacs.

Je la frime comme aucun crotale n'a jamais regardé une petite souris avant de la glouper.

– Quand on a franchi le point de non‑retour, déclaré‑je, la seule issue possible c'est d'aller de l'avant. Que fabriquais‑tu au château lorsque mon collègue y est arrivé?

Elle caresse doucement sa joue tuméfiée, du même geste tendre qu'elle avait l'autre jour pour se caresser l'escarguinche. Se met à jacter, très vite, comme si une force médiumnique l'animait.

Un jour, rendant visite à Titan alors qu'il était seul, l'académicien et elle se mirent à boire des vodkas‑orange, cocktail agréable mais puissant. En très peu de temps ils avaient été schlass. Au plus fort de leurs libations, Ma Gloire déclara à Schéhérazade que son père lui avait laissé une fortune immense. Ladite reposait en une cache introuvable dont la combinaison d'ouverture se montre si compliquée qu'elle est gravée à un endroit défiant toutes les investigations, pour le cas où il l'oublierait.

Naturellement, en fille d'Eve (ou de Rachida), elle essaya de lui tirer les vers du nez; en vain. Il sembla même que ces confidences partielles aient dégrisé l'Illustre. Il la renvoya et resta un temps assez long avant de la convier à de nouvelles partouzes.

C'était ce code et cette mystérieuse planque qu'elle voulait découvrir avec une volonté que je qualifierai de farouche quand bien même ça te ferait chier des tranches de concombre.

– Et l'agression contre Moktar?

– En fait, c'est à moi que la bande d'un certain journaliste en voulait. Ces gens avaient décidé de me faire peur.

 

 

Un âne rouge, quand il s'y met, Pinaud! Impossible de lui faire admettre une hospitalisation pour soigner son rocher pareil à un chateaubriand[61]. Un pansement à la pharmacie la plus proche suffira, assure‑t‑il. On l'y conduit, boueux comme un chien de chasse. Bonne idée (en anglais good idea)! La pharmacienne est une superbe créature de trente ans, blond cendré, au regard pervenche et aux nichecoloches plus very bioutifoules que la baie de Rio. Rien qu'à la mater dans sa blouse blanche bordée de bleu, t'as envie d'essayer sur sa personne tous les thermomètres de la boutique.

Evidemment devant une blessure de cette importance, elle préconise une virouze aux «urgences», mais le vieux branleur s'obstine.

Lorsque nous ressortons, il ressemble à un maharadjah et mes doigts de la main droite sentent la chatte correctement entretenue.

J'ai fait embarquer le couple trucidaire avec soulagement, car sa vue me pourrissait la rétine.

L'esprit dégagé et l'âme conquérante, nous retournons au château, entassés comme des sardines[62], récupérer la voiture louée par Marie‑Marie. Béru fredonne ses éternels Matelassiers au lieu de loufer, nos tympans y perdent mais nos narines y gagnent. Je dis à mes gonzesses de rentrer les premières car il est l'heure de déjeuner et Antoinette crie famine. Cette fois, sur les conseils avisés de son petit estomac, elle accepte une brève séparation.

Debout sur l'esplanade, au côté de l'Empereur et de Pinuche, nous considérons l'immense bâtisse dans laquelle se sont passés tant d'événements cruels. Le château des Crimes. Il conviendrait de le brûler, voire de le transformer en home d'enfants orphelins. Certains exorcistes chassent les esprits démoniaques d'une maison; je pressens qu'une croisade charitable purifierait ces lieux où le stupre, la corruption, les bas trafics et le meurtre eurent droit de cité.

– Un jour, murmure la Pine, il serait intéressant que tu écrives la vie de Titan Ma Gloire, cet académicien abject, grevé de tous les vices, capable de tous les forfaits, cupide jusqu'au délire…

– Je préférerais faire une biographie de Sœur Teresa, assuré‑je.

– Ou un book d'recettes enculinaires? suggère le Graveleux.

Nous entrons.

Silence de mort. Humidité envahissante.

– Lorsque je gisais au fond de ma fosse, déclare César, bien que mal en point je parvenais à réfléchir. Mon esprit, pour ébranlé qu'il fût, revenait toujours à cette pauvre tortue, laquelle ne doit plus s'alimenter depuis longtemps. Et maintenant, une évidence me télescope: les caractères inscrits dans la carapace permettent l'ouverture de la mystérieuse planque dont Schéhérazade t'a parlé.

– Tu sais qu'il est pas si gâteux qu'il en a l'air? déclare le Ventripote, sincèrement admiratif.

J'extrais de ma mémoire la fameuse formule, la déclame:

– C cédille, 3, 4, 9, S, s, +.

Et considère les tronches de mes potes. Celle de Bérurier, couleur de crustacé ébouillanté, celle du Chétif qui hésite entre le bleu saphir et le vert pâturage.

Une réponse arrive.

Donnée par l'Illustrissime San‑A., fils de Félicie, père d'Antoinette, époux incontournable de Marie‑Marie.

– Je crois piger! assuré‑je avec la voix supraterrestre d'un nabu regardant deux Martiens loncher sa gonzesse.

– Quoive? Quoive? goulute l'Eléphantiasique.

Je déverse mon intelligence:

– Ces caractères, le «C» cédille surtout, me font penser au clavier d'une machine à écrire. Objet qu'il est naturel de trouver chez un homme de lettres, quand bien même il fait rédiger ses livres par des «écrivains de couleur»[63].

D'un même élan, nous nous élançons vers le cabinet de travail du forban de la plume.

Certes, il comporte une ancienne I.B.M. à boule, presque neuve malgré son âge: il l'utilise si peu.

Elle ne nous révèle rien.

Déception des cons venus.

– Alors quoi, c'coup d'inspiration, c'était rot de champagne?

L'enturbanné de gaze émet le doux bêlement de l'agneau caracul[64] avant qu'il soit sacrifié à l'élégance des femelles humaines.

– Attendez!

Il fourbit ses orbites creuses, produisant un grincement de poulie mal graissée.

– J'ai aperçu une autre machine dans cette demeure; très vieille. Au grenier, il me semble. Oui, au grenier!

Une horde silencieuse se précipite dans l'escalier. Les dernières marches branlent et geignent (ce qui paraît on ne peut plus compatible).

Parvenu dans les combles, l'intrépané se dirige sur la droite du local, près de l'orgue de ciment constitué par les conduits de cheminée.

Toute proche, une commode sans style, disons Charles X si vraiment ça peut te faire mouiller. Sur icelle, la machine à écrivire. J'y porte la dextre. Etrangement, elle est fixée au meuble. C'est de la bécane de jadis sur laquelle on tapa le traité des Pyrénées en 1659. Poussée d'adrénaline, une fois encore. Lentement, avec déterminance, je frappe les sept caractères.

Tu ne devineras jamais quoi!

Voilà qu'éclate une musique d'enfer, susceptible de carboniser tes écoutilles. Le Chant du départ, mon bijou! Interprété par l'orchestre de Lille, sous la baguette de mon cher Casadessus.

Archi‑fortissimo! Eclatissimo! conviendrait mieux. On s'obstrue les cages à miel de nos mains, regrettant de n'en posséder que deux.

– Arrête! Mais arrête donc, putain d'toi! hurle Poléon IV que sa cire auriculaire protège insuffisamment.

Very difficult de réfléchir avec cet ouragan patriotique dans la calebasse.

Une trouvaille me vient: répéter le numéro sur le clavier. Gé‑nial! La zizique stoppe. Mais! Mais! Alors là, elle est raide (je ne parle pas de ta queue mais de la mienne)!

Figure‑toi que la vilaine commode se meut. Pivote avec lenteur, nous découvrant un espace creusé dans le mur et garni de rayonnages sur lesquels on a amassé des lingots d'or (d'un côté) et de platine (de l'autre).

Il y en a tellement que ça n'est même plus impressionnant. Suppose que la place du Trocadéro en soit pavée, ça te ferait bander?

– C't' fois, glabouille l'Obèse, tu n' m'empêcheras pas d'en rapporter un à l'impératrice!

– Si tu touches à ça, je te mets en disponibilité pour une durée illimitée!

Tandis qu'il boude, la Pinasse me tapote le bras.

– Vois‑tu ce que je vois, Antoine?

Ce que me désigne mon noble ami n'est autre que la mallette en croco gris et coins d'argent.

Doux Seigneur, notre triomphe eût été incomplet sans cette ultime trouvaille. Me jette à genoux, autant par curiosité que pour marquer ma reconnaissance envers le Divin.

Ses deux fermoirs sont bouclarès; dois‑je préciser que je m'en tamponne comme de ta première éjaculation nocturne?

Un petit zigoui‑goui par‑ci, un gouli‑goula par‑là, et ça joue!

Non, ce n'est pas du jonc! Non plus que des diamants ou autres pierres réputées précieuses. Pas question de documents ni de photos pornos!

Ne claque pas de curiosité, ma poupée, je vais tout te révéler: des flacons, mon con. Je dirais même des fioles, méthodiquement enchâssées dans des compartiments de caoutchouc mousse, biscotte les heurts.

– Quai Jacob? demande le Taurin, confondant probablement avec que zacco.

Des produits hyperdangereux à n'en pas douter, avec lesquels Mathias va se délecter. A l'évidence, messire Titan touchait à tout. Il ne savait pas écrire, ce qui est courant chez les académiciens, mais côté «esprit du Mal», il n'a pas encore fini de nous stupéfier!

 

* * *

 

Lorsque je fais retour à Saint‑Cloud, accompagné de César que je ne peux guère laisser seul dans l'état où il est, ma «petite folie» joue avec Salami sur le canapé du salon.

Elle accourt pour me sauter à la nuque.

– Papa! Papa! Papa est rentré! annonce‑t‑elle au monde immense et radieux.

Je pose sur le carrelage de l'entrée le grossier paquet que je tiens sous le bras.

– C'est pour toi!

– Ça a l'air lourd, remarque‑t‑elle.

– Mais fragile! ajouté‑je. Prends‑en bien soin.

Elle déplie soigneusement le paquet. Pousse un cri de bonheur en voyant sortir du papier la tête reptilienne d'une tortue.

 

Date: 2015-12-13; view: 433; Нарушение авторских прав; Помощь в написании работы --> СЮДА...



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