Ãëàâíàÿ Ñëó÷àéíàÿ ñòðàíèöà


Ïîëåçíîå:

Êàê ñäåëàòü ðàçãîâîð ïîëåçíûì è ïðèÿòíûì Êàê ñäåëàòü îáúåìíóþ çâåçäó ñâîèìè ðóêàìè Êàê ñäåëàòü òî, ÷òî äåëàòü íå õî÷åòñÿ? Êàê ñäåëàòü ïîãðåìóøêó Êàê ñäåëàòü òàê ÷òîáû æåíùèíû ñàìè çíàêîìèëèñü ñ âàìè Êàê ñäåëàòü èäåþ êîììåð÷åñêîé Êàê ñäåëàòü õîðîøóþ ðàñòÿæêó íîã? Êàê ñäåëàòü íàø ðàçóì çäîðîâûì? Êàê ñäåëàòü, ÷òîáû ëþäè îáìàíûâàëè ìåíüøå Âîïðîñ 4. Êàê ñäåëàòü òàê, ÷òîáû âàñ óâàæàëè è öåíèëè? Êàê ñäåëàòü ëó÷øå ñåáå è äðóãèì ëþäÿì Êàê ñäåëàòü ñâèäàíèå èíòåðåñíûì?


Êàòåãîðèè:

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VIII. L'odeur





 

 

«Il y a de bons mariages, mais il n'y en a point de délicieux.»

 

François de La Rochefoucauld

(1613‑1680),

Maximes.

 

ACTE I, scène 1

 

Une large chambre à coucher, dont les rideaux sont encore tirés. Le lit est défait, des vêtements traînent par terre. Une jeune femme de trente ans (Anne), vêtue d'un T‑shirt trop large, fait le lit en chantonnant. Ensuite elle se baisse pour ramasser les vêtements, qu'elle entasse sur une chaise. Puis elle ouvre les rideaux, laissant entrer la lumière du jour. Elle s'étire. Le téléphone sonne. Elle répond.

 

ANNE. – Allô? Ah, c'est toi. Tu es parti bien tôt, ce matin. Je t'ai à peine vu. Tu rentres à une heure convenable ce soir? Essaye! Gaby aimerait te voir un peu durant les vacances. Ta valise? (Elle regarde autour d'elle, puis repère un gros sac de voyage au pied du lit.) Tu veux que je la défasse? Je le ferai. Tu n'as pas eu le temps, je sais. À tout à l'heure, chéri.

 

Elle raccroche. La porte s'entrouvre et une fillette de dix ans (Gabrielle), en peignoir, pénètre dans la pièce.

 

GABRIELLE (maussade). – Bonjour, maman.

ANNE (tirant vers elle la valise). – Bonjour, ma chérie.

GABRIELLE. – Papa est déjà parti?

ANNE (ouvrant la valise). – Oui, mais il m'a promis d'être là tôt ce soir. Pour te voir.

GABRIELLE (s'asseyant sur une chaise). – J'espère bien. J'ai oublié à quoi ressemble mon père.

ANNE (en souriant). – Tu sais bien qu'il travaille beaucoup!

 

Elle enlève les habits de la valise et les trie.

 

GABRIELLE. – Ce sont les vêtements de papa? Ceux qu'il a portés en voyage?

ANNE. – Oui.

 

Gabrielle s'approche pour regarder. Elle touche une chemise d'homme froissée.

GABRIELLE. – Ça sent bizarre.

 

Anne porte une chemise à son nez. Elle renifle, puis hausse les épaules.

 

ANNE. – C'est vrai, tu as raison, il y a une drôle d'odeur. Mais tu sais, papa est parti une semaine, il a beaucoup voyagé.

 

Gabrielle prend un pantalon par la ceinture, et le renifle.

 

GABRIELLE. – Ce pantalon aussi! Sens ce pantalon, maman.

 

Anne s'exécute.

 

ANNE. – Pouah!

Gabrielle. – Où est‑ce que papa s'est fourré pour que la valise pue cette odeur?

 

Anne remet brutalement les vêtements dans le sac.

 

GABRIELLE. – Mais que fais‑tu?

ANNE. – Je vais tout laver, ça sent trop fort. Sois gentille, porte le sac dans la salle de bains. Je vais mettre une machine en route.

Gabrielle prend le sac et sort de la pièce. Anne s'assied sur le lit, songeuse. Elle prend le téléphone, pianote un numéro, puis raccroche. Puis elle hausse les épaules et sort de la pièce.

 

ACTE I, scène 2

 

La même chambre, à onze heures du soir. Les lampes de chevet sont allumées, les rideaux tirés. La télévision est allumée en sourdine. Un homme d'une trentaine d'années (François) est allongé sur le lit en caleçon. Il lit un magazine de sport. Anne range des vêtements propres dans la commode et dans la penderie. Elle porte un kimono blanc et court. Elle ne regarde pas son mari pendant qu'elle range.

 

ANNE (sans tourner la tête). – C'était bien, ce voyage? Tu ne m'as rien dit.

FRANÇOIS (sans lever les yeux de sa lecture). – Mon voyage? Oui, oui, c'était bien. On a surtout travaillé. Je n'ai pas eu le temps de voir grand‑chose.

 

Anne ferme un dernier tiroir et s'allonge sur le lit. Elle prend un roman sur la table de chevet.

Pendant quelques instants, ils lisent en silence. Puis elle pose son livre, tourne la tête et l'observe. Elle s'approche et lui renifle le cou.

 

FRANÇOIS (en sursautant). – Que fais‑tu?

ANNE. – Je trouve que tu sens une odeur bizarre.

FRANÇOIS (souriant). – Ah, bon?

ANNE. – Tout à l'heure, en déballant ta valise, j'ai remarqué avec Gabrielle que tes vêtements sentaient cette odeur.

FRANÇOIS (un peu énervé). – Mais une odeur de quoi, enfin?

 

Anne tripote le cordon de son kimono. Elle hésite.

 

ANNE. – Je n'ai pas osé le dire devant Gaby, mais tu sens… enfin… tu as l'odeur de… d'un sexe de femme.

 

François se dresse dans le lit d'un bond et la regarde avec stupéfaction.

 

FRANÇOIS. – D'un sexe de femme? Tu veux dire que je sens la chatte? Tu es folle, ou quoi?

ANNE. – Ne sois pas vulgaire! Ce n'était pas ton odeur naturelle, et Gaby l'a remarqué, même avant moi. C'était très fort, et tons les vêtements en étaient imprégnés. J'ai trouvé cela bizarre.

FRANÇOIS (se grattant la nuque). – C'est bizarre.

ANNE (faisant des nœuds avec le cordon de son peignoir). – Et là, en reniflant ta nuque, je constate que tu portes toujours cette odeur. Oui, c'est une odeur de chatte. Sur ton cou. Juste là. (Elle touche le cou de son mari.) Comment expliques‑tu cela?

FRANÇOIS (touchant son cou avec un mouvement de défense). – Oui, c'est bizarre…

 

Anne attrape les doigts de son mari et les porte à son nez.

 

FRANÇOIS. – Aïe! Que fais‑tu?

ANNE. – Je renifle tes doigts.

FRANÇOIS. – Mais pourquoi?

ANNE. – Pour voir s'ils sentent la chatte. (Elle renifle énergiquement.) Ils sentent le savon. (Elle a l'air déçu).

FRANÇOIS (dégageant sa main). – Encore heureux! Tu dérailles, ma pauvre.

ANNE (à voix basse). – J'ai l'impression, en respirant cette odeur, que tu as passé la semaine entière entre les cuisses d'une femme.

FRANÇOIS (reprenant son magazine). – Arrête, veux‑tu, Anne? Tu vas continuer toute la nuit, ou quoi?

ANNE. – Je voudrais te poser une question.

FRANÇOIS (soupirant). – Quoi?

ANNE. – Est‑ce que tu m'as déjà trompée?

FRANÇOIS. – Mais, non, enfin! C'est inouï! Je rentre de voyage, fatigué, heureux de retrouver ma famille, et ma femme et ma fille fouillent mes affaires, décrètent que je sens le sexe, du coup, on m'accuse d'être infidèle!

ANNE (très calme, bras croisés sur la poitrine). – Je ne t'accuse pas, je te pose simplement une question. Oui ou non?

FRANÇOIS (excédé). – Non, Anne! Je ne t'ai jamais trompée. J'ai failli, mais je ne l'ai pas fait.

ANNE. – En dix ans de mariage, tu ne m'as jamais trompée?

FRANÇOIS. – Eh bien, non.

ANNE. – Eh bien, je ne te crois pas.

FRANÇOIS. – Pendant dix ans, tu m'as cru!

ANNE. – J'avais des doutes. Je fermais un peu les yeux. Mais là…

FRANÇOIS (furieux). – Mais là, quoi?

ANNE. – Cette odeur de sexe…

FRANÇOIS. – Tu es folle. Complètement folle.

ANNE (se tournant vers lui). – Écoute, François. On ne va pas se taper dessus. On ne va pas se mentir, comme la plupart des couples. Je ne supporte pas l'idée que tu me mentes. Alors dis‑moi la vérité. J'essayerai de comprendre. Si tu persistes à me le cacher, cela sera encore pire. Je finirai par l'apprendre de toute façon. Dis‑moi la vérité. Maintenant, s'il te plaît.

FRANÇOIS (se renfrognant). – Je n'ai rien à ajouter.

 

Anne le fixe encore quelques instants. Puis elle se tourne, enlève son peignoir, se met dans le lit et éteint sa lumière, sans un mot. François s'efforce de lire pendant quelques instants, puis se met dans le lit, éteint sa lumière, ainsi que la télévision. Le silence et le noir sont complets.

 

ACTE I, scène 3

 

La même chambre, quelques instants plus tard François, allongé sur le dos, ronfle. Anne s'assied et rallume la lumière. Elle reste assise en tailleur, observant son mari. Finalement, elle le secoue.

 

FRANÇOIS (ahuri). – Quoi? Qu'est‑ce qu'il y a?

ANNE (d'une voix morne). – Je veux que tu me dises la vérité.

FRANÇOIS (fermant les yeux). – Tu ne vas pas recommencer! C'est pas vrai!

ANNE (avec la même voix). – Je ne te lâcherai pas de la nuit. Dis‑moi la vérité.

FRANÇOIS (agacé). – Écoute, Anne, je dois me lever tôt demain matin. Arrête tes âneries et laisse‑moi dormir.

ANNE. – La vérité.

FRANÇOIS (furieux). – Mais tu la connais, la vérité! (En détachant chaque syllabe.) Je‑ne‑t'ai‑ja‑mais‑trom‑pée! Je ne vais quand même pas te dire le contraire, non?

ANNE. – Tu mens.

FRANÇOIS (hilare). – Je mens! Je mens? Ah oui! C'est ça. Madame sait tout! Madame croit tout savoir.

ANNE. – Quand tu mens, tu ne me regardes plus dans les yeux.

FRANÇOIS. – Dis tout de suite que j'ai le nez qui pousse, comme Pinocchio!

ANNE (d'une voix douce). – Écoute, François, je te supplie de me dire la vérité. Je te promets que j'essayerai de comprendre. Ce que je ne supporte pas, ce sont tes mensonges. Ce n'est pas bien grave, que tu m'aies trompée. Toutes les femmes savent que leur mari peut avoir un jour une envie. Je sais tout cela. (François se lève et fait les cent pas, bras croisés sur sa poitrine.) Cela doit être difficile pour toi de me dire la vérité. Si tu as peur de me faire souffrir, c'est parce que tu m'aimes. Je suis là pour te comprendre, je suis ta femme. Tu dois te confier à moi. Pense à ta fille que tu aimes tant, et qui t'aime tant. Nous sommes une famille unie. Nous devons le rester. Sans mensonges. En toute vérité. (Un silence s'installe. François s'est assis dans le fauteuil. Il regarde ses orteils. Anne sort du lit et vient se mettre à ses pieds.) N'aie pas peur de parler, François. Ensemble, nous essayerons de repartir sur de nouvelles bases. Nous reconstruirons notre mariage. J'essayerai d'être plus tolérante, plus compréhensive. Nous sommes jeunes. Nous avons du temps devant nous. On s'est mariés à vingt ans. On était des gamins. J'étais enceinte de Gabrielle. Tu ne regrettes pas de m'avoir épousée?

FRANÇOIS (secouant la tête). – Mais non, mais non.

ANNE (lui prenant la main). – Alors parle‑moi. N'aie pas peur.

FRANÇOIS (regardant toujours ses pieds et parlant très rapidement). – C'est une secrétaire de mon bureau. (Anne se fige).

ANNE (figée). – Quoi?

FRANÇOIS. – Elle était de ce voyage. (Anne ne dit plus rien.) Elle m'a fait des avances. Je n'ai pas pu lui résister.

ANNE (se levant et marchant dans la pièce). – Je la connais?

FRANÇOIS. – Non.

ANNE. – C'est quoi, son nom?

FRANÇOIS. – Madeleine Sablé.

ANNE. – Quel âge a‑t‑elle?

FRANÇOIS. – Notre âge.

ANNE (ne le regardant toujours pas). – Comment est‑elle physiquement?

FRANÇOIS (se grattant la tête, d'une voix hésitante). – Elle est plutôt mignonne.

ANNE (se tournant vers lui en hurlant). – Salaud! (Elle lui assène une gifle violente.) Espèce de porc! Je te hais! Je te déteste…

FRANÇOIS (lui attrapant les mains). – Anne, calme‑toi! Je t'en supplie, calme‑toi.

ANNE (le regardant avec haine). – Ah, tu croyais que j'allais te pardonner, hein? Tu pensais que j'allais te dire: mais mon chéri, ce n'est pas grave, je te pardonne, ne t'en fais pas, viens, mon chéri, viens te coucher. (Haussant le ton) C'est bien fait pour toi! Tiens! (Elle lui donne un coup de pied) Tiens! (Un autre.) Je vais te tuer! Salaud!

FRANÇOIS (l'immobilisant avec peine). – Arrête, Anne! Arrête! Tu vas réveiller ta fille!

ANNE (tentant de se dégager). – Je m'en fiche! Je lui dirai que son père est une ordure! Un salaud, un monstre, une crapule! Je te hais! Je voudrais te tuer!

 

François la gifle. Elle s'effondre sur le lit en pleurant. François la regarde quelques instants, puis s'assied à côté d'elle. Il lui caresse les cheveux. Elle sanglote, puis se relève.

ANNE. – Ne me touche pas! Va‑t'en! Sors d'ici! Va retrouver ta pouffiasse! Fous le camp!

FRANÇOIS. – Anne, calme‑toi. Pardonne‑moi, je t'en supplie, pardonne‑moi.

ANNE (sanglotant). – C'est trop tard! Tu as détruit notre mariage!

FRANÇOIS. – Ne dis pas cela. Je t'ai fait du mal, c'est vrai, mais je te promets que je ne recommencerai plus.

ANNE. – Je ne te crois plus, François. C'est fini, tu entends? Fini! Boucle tes valises et pars! Je ne veux plus te voir!

FRANÇOIS. – Tout à l'heure tu as parlé de compréhension, et de vérité. Tu voulais que je te dise tout, et je l'ai fait. Tu voulais même qu'on reparte à zéro. Et maintenant tu me mets à la porte!

ANNE (trépignant de rage). – Ce que j'ai dit tout à l'heure n'a aucune importance. L'important, c'est que tu es un traître, et un lâche. Dehors!

FRANÇOIS (soupirant). – Anne, s'il te plaît… Parlons, discutons. Je sais que j'ai eu tort, mais…

ANNE (hurlant). – Dehors!

FRANÇOIS (résigné). – Je vais dormir dans le salon.

ANNE (hurlant). – Je m'en fiche où tu dors! Disparais! Tu prendras tes cliques et tes claques, et tu iras où tu voudras, chez ta mère, ou chez ta bonne femme, mais pas ici, tu entends? Pas ici!

FRANÇOIS (prenant un oreiller). – Ça va, j'ai compris. Je m'en vais. Tu vas réveiller l'immeuble entier.

ANNE (lui jetant l'autre oreiller). – Je m'en fiche!

François ferme la porte derrière lui Anne se jette sur le lit en pleurant. Au bout de quelques instants, elle se calme. Elle reste sur le lit à hoqueter, abattue. La porte s'entrouvre. C'est François.

FRANÇOIS (doucement). – Ça va mieux? (Elle ne dit rien. Il s'approche et la prend dans ses bras. Elle ne se débat pas. Il l'embrasse.) Je t'aime, tu sais. (Elle le serre dans ses bras et pleure à nouveau. Puis ils s'embrassent passionnément et basculent sur le lit).

 

ACTE I, scène 4

 

La même chambre, après l'amour. Anne et François sont au lit, dans les bras l'un de l'autre.

 

ANNE. – C'était comment avec elle?

FRANÇOIS. – Quoi?

ANNE. – L'amour.

FRANÇOIS. – Pourquoi veux‑tu savoir?

ANNE. – Parce que.

FRANÇOIS (mal à l'aise). – C'était pas mal.

ANNE. – Mieux qu'avec moi?

FRANÇOIS. – Non. Toi, je t'aime.

ANNE. – Comment cela a commencé?

FRANÇOIS. – Elle m'a allumé.

ANNE. – C'est‑à‑dire?

FRANÇOIS (embarrassé). – Eh bien, elle m'a fait comprendre qu'elle voulait…

ANNE. – Qu'elle voulait bien.

FRANÇOIS. – Oui, c'est ça.

ANNE. – Et puis après?

FRANÇOIS. – Tu veux tout savoir?

ANNE. – Tout.

FRANÇOIS. – Cela va te faire du mal.

ANNE. – J'ai déjà mal. Je ne peux pas avoir plus mal.

FRANÇOIS. – Elle est venue dans ma chambre d'hôtel, un soir.

ANNE. – Pour quoi faire?

FRANÇOIS. – Pour me rendre un dossier.

ANNE. – Elle aurait pu attendre le lendemain matin.

FRANÇOIS. – Oui, elle aurait pu.

ANNE. – Mais elle ne l'a pas fait.

FRANÇOIS. – Non, elle est venue me le rendre ce soir‑là. Et puis voilà.

ANNE. – Et puis voilà quoi?

FRANÇOIS. – Elle s'est assise de façon suggestive sur le lit.

ANNE. – Suggestive?

FRANÇOIS. – Elle me montrait ses jambes. Et ses cuisses.

ANNE. – Qui sont comment?

FRANÇOIS. – Pas mal.

ANNE. – Et puis alors?

FRANÇOIS. – Nous avons commandé quelque chose à boire.

ANNE. – Continue.

FRANÇOIS. – Tu le souhaites vraiment? Anne. – Oui.

FRANÇOIS. – Puis elle m'a dit qu'elle était attirée par moi, et qu'elle m'aimait.

ANNE. – Et tu l'as crue?

 

Une pause.

 

FRANÇOIS. – Il était trop tard.

ANNE. – Que veux‑tu dire?

FRANÇOIS. – Elle ne m'a pas donné le temps de réfléchir. Elle s'est ruée sur moi.

ANNE. – Et puis?

FRANÇOIS. – Elle a ouvert ma braguette. Anne. – Ne le dis pas!

 

Un bref silence.

 

ANNE. – Si, dis‑le.

FRANÇOIS. – Elle m'a… (Il hésite).

ANNE (horrifiée). – Elle t'a quoi?

FRANÇOIS (à voix très basse). – Elle m'a fait ce que tu penses.

 

Silence.

 

ANNE (incrédule). – Tu t'es laissé faire?

FRANÇOIS (penaud). – Oui.

ANNE. – Tu n'as pas essayé de résister?

FRANÇOIS. – C'était au‑delà de toute résistance possible et imaginable.

 

Un silence plus long.

 

ANNE (d'une voix étranglée). – Et après?

FRANÇOIS. – Elle m'a demandé de lui faire l'amour.

ANNE (ironiquement). – Et toi, comme un gentil garçon, tu t'es appliqué à obéir.

FRANÇOIS (gêné). – On ne devrait pas parler de tout cela, cela te fait du mal, et à moi aussi.

ANNE. – Une dernière question…

FRANÇOIS. – Quoi?

ANNE. – C'était donc bien son odeur que j'ai sentie, et que ta fille a sentie?

FRANÇOIS (honteux). – Oui.

ANNE. – Donc j'ai eu raison. Tu as passé une semaine à baiser cette femme.

FRANÇOIS (à voix basse). – Oui. Mais c'est fini.

ANNE. – Qu'est‑ce que j'en sais, moi, si c'est fini? C'était chouette, cette partie de jambes en l'air! Vous avez peut‑être envie de recommencer?

FRANÇOIS. – Non. Elle est mariée.

ANNE. – C'est du propre!

FRANÇOIS (un peu pompeux). – Nous savions bien que c'était purement sexuel. Elle m'a expliqué qu'elle ne voulait pas que cela aille trop loin. Nous en étions conscients. C'était simplement une histoire de rut.

ANNE (cinglante). – Tu peux dire «de cul».

 

Elle se lève, se rhabille et prend son sac.

 

FRANÇOIS. – Où vas‑tu?

ANNE. – Dormir à l'hôtel. (Arrivée à la porte, elle se retourne.) Petit conseil pour la prochaine fois. Pense à bien laver tes vêtements avant de rentrer, ou alors choisis une fille aux odeurs plus modérées. Ça doit exister. (Elle sort et referme la porte derrière elle).

 

François tend l'oreille. La porte d'entrée claque. Il lit son magazine pendant quelques instants, en sifflotant. Puis il décroche le combiné du téléphone et fait un numéro.

 

FRANÇOIS. – Allô? C'est moi. Elle sait tout. (Silence.) Elle est partie dormir à l'hôtel. Non, elle n'est pas contente. C'est normal. Cela lui passera. Je ne suis pas inquiet. (Pendant qu'il parle, la porte s'ouvre doucement, et Anne entre sur la pointe des pieds. Il ne la voit pas. Elle reste debout, près du lit.) Ce n'est pas le genre à trop s'énerver. Elle est plutôt calme, en général. Mais elle m'aime, qu'est‑ce que tu veux. Il faut que je lui fasse un grand numéro de charme. Et ton mari? Il ne se doute de rien? Il doit être bien plus idiot que ma femme! On se voit demain? Même endroit, même heure? Je serai là. Comme d'habitude. Au revoir, ma douce.

 

François raccroche. Avec un soupir de satisfaction, il se retourne. Puis il aperçoit sa femme, bras croisés devant le lit. Alors qu'il pousse un cri de surprise et de terreur, le rideau tombe.

Fin.

 

 

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