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PROLOGUE 11 page





Il tarde à répondre. Je suis sur le point de raccrocher quand sa voix haletante me râle un «allô?» coïncidant sûrement avec son lâcher de flocons.

– Tu tirais ton assistante? péremptoiré‑je sur un ton bannisseur de dénégations.

Seule sa respiration en chamade me répond.

Compatissant, je le laisse se détartrer le borgne à col roulé avant de le mobiliser.

– Pardon pour cet appel inopportun, finis‑je par murmurer, la gosse a eu le temps de savourer son feu d'artifesse, au moins?

– Oui, oui, ne t'occupe.

– Ça me créerait un cas de conscience, si j'avais porté atteinte à son équilibre sexuel.

– Non, non, ne t'occupe!

– Tu as un autre stylo que ta bite sous la main?

– Naturellement.

– En ce cas, note!

Et je lui dicte l'espèce de rébus figurant sur une écaille de la carapace.

– A première vue, ça t'inspire quoi, Sherlock? m'enquiers‑je.

– Il ne s'agit pas d'un numéro de coffre. Non plus que d'une formule chimique ou physique…

– Cogite! coupé‑je. Et si tu as la moindre idée, appelle‑moi sur mon portable. Surtout, n'oublie pas de te rincer le pénis! Cela mis à part, tu as examiné les empreintes sur le pétard trouvé dans la vieille bagnole des pédoques?

– Il y en a de nombreuses; entre autres celles de Jérôme Bauhame.

– Putignasse de Diou, j'oubliais! égosillé‑je en plongeant la main dans ma fouille arrière. J'ai dégauchi des petites caroubles dans le talon d'une dangereuse aventurière impliquée dans mon big bazar, si tu pouvais les étudier et me dire à quoi elles correspondent… Je les laisse au château à ton intention. Le gardien de la paix Lamouche te les remettra.

Toujours d'une docilité de premier de la classe, il accepte. Clic! je l'élimine provisoirement de ma vie trépidantielle.

La forêt de points d'interrogation dans laquelle nous errons devient de plus en plus inextricable. Quelle jungle!

– Fermez le trappon ventral de cette tortue et replacez‑la à l'endroit! bougonné‑je. Ces bêtes sont le contraire des putes: elles meurent quand elles sont sur le dos.

Comment ces bestioles ont‑elles pu franchir tant de millénaires en se trouvant à la merci d'une mauvaise position? Quand tu y réfléchis, ça fait froid aux roustons, hein?

– Tenez! dis‑je au garde, vous remettrez ce trousseau à un rouquin qui passera vous le réclamer.

Altruiste complet, le Mastard souffle dans la portugaise poilue du lardu:

– J't' r'commande la cave, vieux. Y a tout c'qu'y faut pour passer l'temps.

 

* * *

 

D'un commun accord, nous décidons de ne pas nous séparer. Quand le moral est en baisse, l'amitié doit être en hausse.

Lequel de nous propose de rendre visite à Félix dont c'est l'anniversaire? Béru, je crois. Une petite trêve consacrée à la charité nous fera du bien.

Le tendre Pinuche déclare que nous devons apporter un cadeau au prof.

Suggestion acceptée d'enthousiasme.

Débat sur la nature du présent. Il y a les partisans de la cravate, et ceux du portefeuille.

Difficile de trancher.

Le Mastard a l'Idée. Nous nous y rangeons tous comme un seul homme.

On se pointe au chevet du misanthrope. Son hospitalisation accentue sa grincherie et tu dirais de Funès. Il en veut à la terre entière, pôles compris, de sa sédentarité.

Notre venue, certes, lui fait plaisir, mais ne dissipe pas pour autant sa rengrognance.

L'Empereur nous adresse un signe qui se veut d'intelligence et compte à voix stentorisée:

– Une! Deuss! Trois!

– Joyeux anniversaire, Félix! clamons‑nous en force.

Tu crois qu'il est amadoué, le Vieux Nœud?

– Vous parlez d'une joie! grince‑t‑il.

– On t'a apporté un cadeau qui va te faire plaisir, poursuit Napoléon IV, pas du tout déconcerté par la grise mine du blessé.

Il ouvre la lourde et adresse un signe à quelqu'un hors champ. Apparaît soudain une créature de rêve (selon, du moins, les canons d'Alexandre‑Benoît). Vingt‑cinq ans environ, les yeux d'un vert végétal, la chevelure abondante, presque léonine, tirant sur l'acajou violacé, un buste qui ferait pleurer de jalousie Mlle Rita Cadillac, un dargiflard pouvant servir de miséricorde à un frère convers (je ne suis pas certain de la couleur), et une jupe trop étroite pour constituer un bandeau dans le jeu de colin‑maillard. La jeune personne portant des bas, son gracieux porte‑jarretelles mauve se trouve à l'air libre.

Notre entrée à l'hôpital a créé une certaine sensation, malgré le cercle que nous formions autour d'elle pour la masquer le plus possible.

– Cher Félisque, déclame Big Patate, moive et les aminches, j'ai pensé qu'une belle bouffarde était c'qu'on pouvait offrir d'mieux à un féroce de la membrane comm' técole. La Vénus ci‑joint est acousinée à ma Berthe par sa mère dont elles allaient à la communale ensemb'. Sa dabuche la prédestinait pour reprendre un jour sa mercerie, mais Junon s'sentait la vocation d'prostipute auquelle elle possède tous les dons. L'est grimpée à Pantruche où qu'a s'esplique au bois d'Boulogne. Une copérante d'première! Son espécialité, just'ment, c'est le calumet cheyenne. Doive pas avoir d'glotte, biscotte é t'empiffre des chibres monumentals. J'voye pour moi, si j'te dirais quand é m'turlutte, s'en faut de trois quat' centimèt' pas plus qu'a m'fasse tout disparaît'!

«Junon va essayeyer de t'engouffrer, prof. Ça risqu' d'pas êt' fastoche, biscotte a s'trouvera en acné complète, comme disent les plongeurs d'éponges.»

Nous considérons le bonhomme: changement à vue. Il irradie (rose), son regard généralement sec s'embue.

– Mes amis, balbutie‑t‑il, je reste sans voix devant une aussi magnifique surprise! Quelle délicatesse de votre part. Comme voilà un présent bien de chez nous!

Tout en parlant, il caresse le michier de Junon, obtient le «la» en pinçant une jarretelle tendue.

– Nous sommes ravis de vous apporter un peu de divertissement, fais‑je. Pendant que vous déballerez notre cadeau, nous attendrons à la cafétéria de l'hôpital.

– Moive, j'rest'! déclare péremptoirement notre sumo. Faut qu' quéqu'un monte la garde si des fois des pégreleux de service s'pointeraient!

Nous admettons le bien‑fondé de l'argument et laissons s'accomplir l'écrémage de Félix.

 

* * *

 

Junon Martin en fut estomaquée.

– Pour du nœud, ça c'est du nœud! s'exclama la jouvencelle en découvrant le formidable appendice du blessé.

Elle ajouta, en caressant la bête comme on le fait d'un chat primé:

– J'en ai déjà pompé, des pafs, mais au grand jamais d'aussi énormes; je ne réponds pas qu'il puisse rentrer dans ma bouche!

– Faut qu'tu vas faire un gros effort, encouragea l'organisateur de la sauterie. N'évidemment, si un' pipe s'avérerait impossib', tu l'travaillerais à la mano. Mais c's'rait dommage pou' cet homme qui, malgré tout, trouv' des chaglattes à chausser.

La charitable personne promit de faire le maximum et étudia le parcours avec l'attention d'un golfeur tentant un coup décisif.

Après quoi, commissures tendues jusqu'à la déchirure, elle s'attela à la tâche.

– Tu croives qu'ça va aller, fillette? s'enquit le Mastard.

Elle émit un grognement d'asphyxiée qui parut affirmatif à Alexandre‑Benoît.

Un moment de presque silence s'écoula, troublé par la suffocation partielle de l'intrépide pute.

– T'as le fion qui fait rien, observa le Mastard. Si j'saurais, j't'ferais volontiers un p'tit canter en levrette, pas y laisser perd'.

Prenant le silence de Junon pour un assentiment, il modifia un tantisoit l'orientation de son armoire deux portes et, un copieux salivage préalable accompli, parvint à réaliser son ambitieux projet.

Toute blasée qu'elle fût, la chère enfant gémit de plaisir.

S'engageant dans la voie des voluptés, Bérurier déclara:

– Après ça, tu pourras t'vanter d'avoir encaissé les plus beaux pafs d'France en même temps!

Puis, comme dans Les Trois Mousquetaires, il piqua des deux!

 

* * *

 

Rien de plus mélanco qu'une cafétéria d'hôpital. Les gens qui la fréquentent sont lugubrissimo. On a voulu cet endroit pimpant, mais on y sent peser les souffrances et les détresses des étages supérieurs.

Le père La Pine dort sous son chapeau tutélaire. Blanc s'est abîmé dans de puissantes réflexions d'où il sortira tôt ou tard du positif.

Et moi?

Je pense à ma petite Antoinette, dans cette Suède qui ne comprend ni l'œuvre de Daudet ni celle de Pagnol. Je me ronge les rognons à cause de ma mouflette exilée. Me dis que chaque heure vécue sans elle est un lambeau arraché à mon corps et à mon âme[41].

Le prochain week‑end, j'irai à Stockholm pour la voir.

Vingt minutes viennent tout juste de se coaguler lorsque nous percevons un énorme ramdam en provenance du second étage.

Une voix dont on ne peut définir le sexe de la personne qui l'utilise, clame à en fêler les vitres et la faïence des gogues:

– J'avais encore jamais vu ça! Venir dans cet établissement pour partouzer! Et avec des queues de monstres préhistoriques! Dites, c'est pas vrai!

Galopade dans l'escalier. Au tournant des degrés surgissent Béru, le bénoche sur les chaussettes, et Junon, la minijupe en guise de soutien‑gorge.

Le couple fonce vers la sortie, pareil à deux astronautes traqués par des Martiens.

 

 

Nous avons à peine le temps de surmonter notre stupeur que le parlophone du hall, utilisé par un organe délicat, susurre:

– Le commissaire San‑Antonio est demandé à la chambre 281.

Je me dresse comme un seul homme (et pour cause).

– Essayez de récupérer le Gros ainsi que sa radasse et attendez‑moi à la voiture, dis‑je.

Dans la piaule de Félix, l'esclandre court sur son erre. Une énorme infirmière noire vitupère après le prof, le traitant de noms peu gentils, parmi lesquels «Vieux dégueulasse à la monstre queue» tient une place privilégiée.

Crois‑tu que Galochard en soit affecté?

Que tchi!

Avec préciosité, il riposte:

– Aimable fée des neiges, faites taire ce courroux injustifié qui malmène vos traits harmonieux et n'ayez le cœur endurci contre ce membre effarant dont m'a accablé la nature.

«Si votre fente, que je devine admirable, recevait en partage l'objet de votre colère, mon instinct me dit que vous y goûteriez un plaisir extrême. Votre colère attise ma convoitise et j'éprouverais un bonheur éperdu à enfoncer mon pénis disproportionné dans votre cul nauséabond, divine pétasse!»

Immobile dans l'encadrement de la porte, j'attendais que le trousseur de madrigaux en eût terminé. L'infirmière, débordée par son flot verbal, n'en cassait plus une. Ce que constatant, j'entris dans la chambre et m'approchas du plumard.

– Vous souhaitez m'entretenir, cher ami? fis‑je.

Il me dévolua un sourire en comparaison duquel celui de l'Ange de Reims (auquel je me réfère volontiers) ressemblerait à la grimace d'un constipé ayant avalé par erreur des clous de tapissier.

– Si fait! m'ennoblit‑il.

En guise de préalable, il murmura:

– Je vous apprécie énormément, Antoine. Vous représentez pour moi un bastion de l'esprit dans une mer de cons.

Après une inclination de buste pour saluer le compliment, je me risquai à lui demander ce qu'il avait à me dire, au sein de ce tumulte.

– Une réminiscence vient provoquer ma mémoire de plus en plus fréquemment. S'agit‑il d'un souvenir, ou d'un flash imaginaire? Ce sera à vous d'en décider.

Il constata que l'infirmière ne s'était pas évacuée et lui déclara:

– Chère âme, je n'ai aucun excrément à vous confier pour l'instant, vous devriez en profiter pour aller torcher d'autres orifices anaux.

L'interpellée évacua aussitôt son dargiflard en des lieux plus hospitaliers.

– Vous disiez avoir certaines réminiscences, prof?

– Effectivement. Vous connaissez les circonstances de mon accident? Nous étions davantage qu'éméchés, le porcin Bérurier et moi. J'allais pour un nouveau ravitaillement à la cave, lorsque, mon ébriété aidant, je chutai dans le roide escalier desservant le sous‑sol et perdis connaissance, ce qui dut m'être aisé, compte tenu de mon ivresse.

«Or, Antoine, des sensations neuves assaillent mon esprit. Au cœur de la ténèbre s'impose la certitude que l'on a palpé mon sexe pendant mon inconscience. Longuement et à plusieurs reprises, ce qui me porte à croire qu'il s'agissait d'une "vérification" effectuée par deux personnes. Si tel est le cas, il faut conclure que les criminels sont des gens au fait de ma glorieuse infirmité.»

Il s'interrompit pour sonder la soute de sa mémoire, puis maugréa:

– Cette duègne de couleur a cassé mon érection, la donzelle qui la traitait n'avait rien d'exceptionnel, mais possédait une certaine technique.

Brave prof; quelque part il m'émouvait.

– Vous ne pouvez savoir, cher Félix, à quel point cette affaire commence à m'exploser les bourses, comme disent les cardinaux réunis en conclave.

– Je le déplore d'autant plus vivement que j'en suis à l'origine, répond le monstre des craquettes.

– Vous n'en fûtes que le premier témoin, calmé‑je; sans vous, rien d'essentiel n'aurait été modifié dans cette tragédie aux accents de vaudeville. Je dois vous quitter, continuez à réfléchir et appelez‑moi si d'autres impressions vous reviennent.

Je presse ses mains d'albâtre.

– Essayez d'amadouer votre ogresse noire, ajouté‑je.

– Soyez sans crainte, bon ami. Je vous parie qu'avant demain elle aura agréé mon monumental pénis dans ses fesses de pachyderme femelle. Gueularde, mais honnête; elle sait qu'elle me doit une troussée réparatrice et me l'accordera car elle en rêve déjà!

 

 

Une végétation qu'on peut qualifier de luxuriante a poussé sur les rives artificielles de la retenue d'eau.

Le formidable barrage d'Escouffian dresse sa masse bombée au‑dessus des usines hydroélectriques chargées d'apporter la manne à l'Arabie Orthodondique, voire aux pays limitrophes.

Un hôtel réalisé par des Américains prévoyants s'élève, pimpant, au centre d'une oasis immense dont les palmiers n'ont pas encore eu le temps de devenir adultes: le Simoun Palace.

Construction de style arabe où l'eau glougloute dans des vasques de marbre blanc. De nuit, cet îlot de rêve est magnifiquement illuminé par un procédé digne des meilleurs «sons et lumières». C'est dans ce paradis, arraché aux sables brûlants, que nous débarquâmes d'une Land‑Rover climatisée, Antoinette, Marie‑Marie et moi.

Tu dois te demander, mon lecteur préféré (comme disaient les romanciers d'autrefois, prompts à lécher), pourquoi je me pointe dans cette région désertique et altérée en compagnie de ces deux gentilles?

Facile à piger: depuis un bout de temps le spleen me rongeait. Hier, dimanche, je me suis propulsé à Stockholm. Dans le zinc qui m'y conduisait, j'ai opéré un panoramique sur l'Affaire. La décision s'est imposée à moi: je devais me rendre au barrage où les disparus du téléphérique avaient travaillé de concert (et même de conserves, parce que dans ces bleds torrides, le panier de la ménagère, tu m'as compris?).

Tu sais ma fougue et ma fantaisie? A peine débarqué chez les Veaux‑pas‑cuits, je me suis renseigné sur les vols possibles. Justement: un avion de la K.L.M. y partait le lendemain aux aurores.

Bibi, ni une, ni moins, je propose l'escapade à mes chéries. Marie‑Marie qui doit se faire tarter dans ce beau pays chiant, accepte, contre toute attente. Faut dire qu'une troussée épique venait de la mettre en (bonnes) conditions.

Et nous voilà donc au Simoun Palace. L'établissement n'est pas complet, tant s'en faut! Je loue une suite de milliardaire professionnel et sors une boutanche de Mumm du réfrigérateur. Pendant que ma chère Musaraigne couche sa fille pour une sieste indispensable, je branche la téloche. Ne parviens à lui arracher qu'une émission interne consacrée aux merveilles de Sabouch' Huntrou, cité remontant au règne de Sallissan‑le‑Sodomite.

Marie‑Marie revient, son devoir de maman accompli, après avoir plongé la pièce dans la pénombre.

On champagnise.

Puis je l'enfile avec dextérité. Une baise presque matrimoniale, mais extrêmement fougueuse. Elle gémit comme un petit carnassier pris au piège. Je lui repasse une nouvelle couche avec le pinceau qui va dans les coins. Elle repart à dame sans se faire prier. On se retrouve tout habillés sur le lit, avec juste les parties concernées à l'air libre.

Je mordille ses cheveux follets des tempes, comme je le faisais lorsqu'elle était une pécore facétieuse.

– Quand te décideras‑tu à revenir en France? demandé‑je. Tu aimes tellement patiner sur les lacs? Je t'achèterai des glaces Haagen‑Dazs autant que tu en voudras, et t'emmènerai voir Holliday on Ice.

– Je te le répète, Antoine, nous habiterons ensemble lorsque tu auras lâché ce métier. Ta fille a le droit d'avoir un père normal; un père qui ne ferait pas l'acrobate sur une poudrière en jonglant avec des torches allumées!

– D'accord, je vais prendre une carte de représentant en mercerie.

Elle rit flou.

Pour diversionner, je me toilette Coquette. Elle conserve un air avenant, bien qu'elle ne soit plus sponsorisée présentement par mes bas quartiers de noblesse.

– Tu veux bien me raconter ce que nous faisons ici? s'inquiète la Pie borgne.

Spontanément, je lui bonnis l'histoire des six mecs qui travaillèrent à l'édification du barrage et disparurent ensemble dans l'Alpe homicide.

– Qu'espères‑tu découvrir, à présent que les travaux sont achevés?

– Tout et rien; pourtant, je pense avoir plus de chance de piger leur tragique destin ici, que sur Sunset Boulevard ou dans la fruitière de Gruyère.

Marie‑Marie acquiesce; une flammèche d'intérêt brille maintenant dans sa prunelle encore espiègle.

J'ajoute:

– A la tombée du jour, lorsque le Mahomet calmera ses ardeurs, j'essaierai d'aller glaner des informations.

– Tu nous permettras de t'accompagner?

– Bien sûr!

Et je passe un grand coup de langue dans ses babines salées par l'amour.

 

* * *

 

Toujours s'adresser aux humbles quand tu souhaites obtenir des renseignements importants. En l'occurrence, le garçon d'étage fait merveilleusement l'affaire.

Le sonne pour du thé.

C'est un être dont le sérieux professionnel dissimule mal la joie de vivre. L'attribution d'un billet de banque soutenu par les U.S.A. (infiniment charitables là où il y a des gisements pétrolifères) le met en état de disponibilité avancée.

Je lui raconte que je suis journaliste, désireux d'écrire une série de reportages sur les récents travaux babyloniens de la planète. Connaît‑il des hommes ayant vécu l'épopée du barrage d'Escouffian?

Décidément, j'ai l'oigne bordé de mayonnaise! Magine‑toi que son dabe et son frère aîné ont chié des bulles carrées à marner sur le titanesque chantier. Ils se sont établis depuis sur les rives du lac artificiel et travaillent à l'entretien du barrage.

Il me conduira chez eux dans une paire d'heures, après son service. Cela nous permettra d'admirer le désert environnant qui, à la fin du jour, prend des teintes ensorcelantes.

 

 

Monosperme ressemblait à un boxeur de troisième zone que l'arbitre, distrait par sa feuille d'impôts, a oublié de compter «out» et, de ce fait, s'en est pris plein le portrait.

Sa frime violacée, éclatée tel marron au feu, donnait envie de le driver d'urgence dans un dispensaire. Le plus spectaculaire, c'étaient ses lèvres, énormes comme des chambres à air de camion.

Il se déplaçait mélancoliquement dans Pantruche, sans se gaffer que l'irascible cousin Jérémie avait fait poser un bip dans le talon de sa godasse droite. Nous l'avons constaté précédemment, la chaussure constitue une cachette éprouvée, dont je ne me prive pas[42]. Celui d'Achille a créé un fâcheux précédent difficile à occulter. Il marchait sans but précis, et le jour, pour lui, était comme la nuit.

L'inspectrice de police, Marie Bizarre, qui le «négociait» au volant d'une adorable Clio rouge dont seulement trois ailes étaient défoncées, percevait la détresse du pauvre Sénégalais et ne pouvait se défendre d'un sentiment compassionnaire. C'était une fille au grand cœur, incapable de refuser un petit turlut à ses collègues en souffrance. Son altruisme l'avait conduite à sucer un «garde‑à‑vue», par une nuit de pleine lune. Le brigadier Vachar, témoin de ce manque grave, lui avait épargné les suites fâcheuses de cette faiblesse en échange d'une troussée levrette pratiquée contre un angle de son bureau.

A un moment donné, le Noir s'affala sur un banc pour étancher le raisin sourdant de sa gueule tuméfiée.

Marie Bizarre stoppa non loin de là, à l'ombre relative d'une colonne publicitaire et continua de le guigner dans son réflecteur.

Monosperme ne tarda pas à reprendre sa route.

Quand il parvint à la hauteur de la voiture, il se pencha pour toquer à la vitre.

Prise tu sais où?

Oui: au dépourvu, la jeune inspectrice abaissa la glace et demanda sèchement:

– Vous désirez?

– Parler un peu, mademoiselle inspecteur, assura le «cousin d'Afrique».

Ce qui la laissa coite.

Monosperme en profita pour contourner la chignole et s'installer à la place passager.

– Qu'est‑ce qui vous prend! glapit la policière. Ça ne va pas, non?

– Comment veux‑tu que ça n'aille pas quand on se trimbale un chibre pareil! riposta le cousin en dégainant un guiseau de taureau sauvage.

Le «parent‑de‑qui‑tu‑sais» conserva le micro pour ajouter:

– Tu t'appelles Marie?

– Comment le savez‑vous?

– Jérémie Blanc, que tu dois connaître, a dit à un de ses collègues, sans penser que je l'entendais: «Tu le feras filocher par Marie‑la‑pute.» Comme tu me colles aux noix depuis ma sortie de la Maison, j'ai vite pigé que la pétasse en question c'était toi!

L'archère éprouva un choc et ses yeux s'emplirent de larmes comme ceux de ce fameux roi de Thulé quand il buvait à la coupe d'or ciselé, l'enfoiré.

Son désarroi fut si intense qu'elle ne le sentit pas prendre sa main pour la poser sur son chibre.

– Palpe! ordonna durement le «relâché», c'est raide comme le caoutchouc, souple comme le caoutchouc, mais ça a le goût du paf!

Passant sa main gauche sur la nuque de la conductrice, il la força à venir au‑devant de l'objet.

– Déguste! poursuivit‑il. J'ai pas pu faire toilette depuis quarante‑huit plombes, ça doit vraiment avoir l'odeur du zob! Un négro, tu penses!

Elle eut un réflexe.

– En pleine rue! Vous êtes fou! regimba l'écrémeuse.

– T'as raison, on va aller chez une copine. Tu ne le regretteras pas!

 

* * *

 

Flanqué de l'efflanqué Pinuche, Jérémie se rendait au domicile d'Yvan Dressompert pour une minutieuse perquise.

Tout en conduisant, il regardait sa main droite dont presque toutes les phalanges étaient endolories par la redoutable rouste qu'il avait mise à son cousin voyou.

Alors qu'il stoppait à un feu rouge, son berlureur de fouille retentit. Il jouait une marche altière et rapide incitant à une prompte réponse.

– J'écoute?

Cela ne moufta pas illico, comme lorsqu'on achève d'avaler quelque chose. Puis la voix (rendue zézayante par des tuméfiances labiales) annonça:

– Ici Monosperme!

Blanc, vaguement gêné, murmura:

– De quoi s'agit‑il?

– Plusieurs trucs à te dire, cousin.

– Commence par le plus important.

Il y eut un ricanement méphistophallique.

– Le plus important, du moins pour toi, c'est que je vais te buter.

– Rien que ça?

– Tu m'as foutu la tronche en compote, vérolé!

– Je l'avais remarqué.

– Je crois que je t'arracherai les couilles!

– Tu as toujours visé bas.

– C'est ça, mon con, persifle, tu rigoleras moins quand j'aurai enfoncé ta queue sectionnée dans ta grande gueule.

– Tu deviens lyrique, fit calmement Jérémie. Qu'as‑tu d'autre à m'apprendre?

Date: 2015-12-13; view: 453; Нарушение авторских прав; Помощь в написании работы --> СЮДА...



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